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Date de création : 18.01.2012
Dernière mise à jour : 28.12.2012
23 articles


La solitude des nombreux premiers :

Publié le 27/10/2011 à 15:05 par khagne-eye Tags : image histoire travail fille amour fond roman enfants livre texte lecture jeune
La solitude des nombreux premiers :

 

La solitude des sombres premiers n'est pas un roman que l'on peut lire en dégustant une pâtisserie, et que l'on peut laisser de côté le temps d'aller chercher une petite cuiller. Ce roman de Paolo Giordano, publié en 2009, est glacial, tétanisant. Il vous prend aux tripes, vous retourne comme un gant, expose vos propres faiblesses et vous tient en otage jusqu'à sa toute dernière page. Ce roman est édifiant.

 

L'histoire d'Alice et de Mattia, deux jeunes italiens également traumatisés dans leur enfance, est, avant tout, l'histoire d'une cruauté quotidienne. Pourtant, dans ce livre, point de massacres sanglants et de tortionnaires : bien au contraire, à travers un style sobre, l'auteur peint méticuleusement, froidement, la cruauté banale des enfants, puis celle des adolescents et, enfin, peut-être la pire de toutes, celle de la famille. Le lecteur est frappé par cette cruauté exposée aussi objectivement, et lui aussi souffre de concert avec Alice et Mattia.

 

Ce roman est aussi celui de la solitude. Il y a bien sûr la solitude d'Alice et de Mattia, les deux protagonistes, qui dérange puisqu'elle ne se résorbe même pas lors des rares moments où ils sont ensemble. Cependant, ce qui rend La solitude des nombres premiers plus que bon, c'ets ce foisonnement de personnages secondaires dont la solitude est tout aussi palpable, bien que mon évidente. La solitude discrète de la jeune fille populaire frappe autant que celle, déchirante, de l'homosexuel timide, et l'auteur s'emploie à les mettre en scène avec autant de délicatesse, sans jamais s'apitoyer sur un sort ou l'autre. Tout comme les nombres premiers, les personnages de ce roman ne se plaignent pas : ils subissent dans un silence tout mathématique.

 

Peut-on dire que Paolo Giordano signe ici une énième histoire d'amour, simplement plus originale que les autres ? Il semblerait que non, et tout lecteur averti s'en rendra rapidement compte. D'un côté, le fait qu'il n'est pas question d'amour dans ce livre, mais plutôt de combler un gouffre affectif, réduit rapidement à néant cette injuste critique. Par ailleurs, le lecteur se rend vite compte que l'auteur a, en effet, mené un réel travail stylistique sur son texte : le ton est tour à tour cruel, cynique, naïf, clinique, change avec chaque personnage et chaque situation. La forme y est tout aussi importante que le fond. En outre, chaque personnage a une profondeur psychologique qui lui est propre, et qui pousse (malgré lui) le lecteur à s'identifier à chacun d'entre eux, ce qui rend plus terrible encore les dernières pages de ce roman, et ce roman plus poignant que n'importe quel autre.

 

Car, en effet, et à l'image des tragédies de l'Antiquité, le lecteur a constamment le pressentiment, lors de la lecture deLa solitude des nombres premiers, que cela ne peut se terminer en « happy end ». Et c'est pourquoi il ne peut cesser sa lecture, fasciné, jusqu'au coup de grâce, la dernière page.